القانون الأول للإخوة الأصاغر عام 1221.
Prologue.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Voici la vie de l'Evangile de Jésus-Christ que le frère François demanda au seigneur Pape d'autoriser et d'approuver ; et le Pape lui accorda cette autorisation et approbation pour lui et pour ses frères présents et futurs.
Le frère François promet - et quiconque sera placé à la tête de cet ordre promettra - obéissance et respect au seigneur Pape Innocent et à ses successeurs.
Et tous les autres frères seront tenus d'obéir au frère François et à ses successeurs.
1. Pauvreté, obéissance et chasteté.
La règle de vie des frères est la suivante : vivre dans l'obéissance, dans la chasteté et sans aucun bien qui leur appartienne ; et suivre la doctrine et les traces de notre Seigneur Jésus-Christ qui a dit :
Si tu veux être parfait, va et vends tout ce que tu as et donnes-en le prix aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens et suis-moi.
Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive.
Si quelqu'un veut venir à moi, et qu'il ne hait pas son père et sa mère, son épouse, ses fils, ses frères et soeurs et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
Qui aura quitté père et mère, frères et soeurs, épouse et fils, maisons et champs à cause de moi, celui-là recevra le centuple et possédera la vie éternelle.
2. L'admission des frères, leur habit.
Si quelqu'un, sous l'inspiration de Dieu, veut mener cette vie et vient à nos frères, que ceux-ci le reçoivent avec bonté.
S'il persévère dans son désir de partager notre vie, les frères se garderont bien de se mêler de ses affaires temporelles ; mais ils le présenteront le plus tôt possible à leur ministre.
Le ministre l'accueillera avec bonté, l'encouragera et lui exposera avec soin en quoi consiste notre vie.
Cela fait, le postulant, s'il se décide pour des motifs spirituels et s'il peut le faire sans aucun empêchement, ira vendre tous ses biens et s'empressera d'en distribuer aux pauvres le produit.
Les frères et leur ministre se garderont bien de se mêler aucunement de ses affaires, et de recevoir à cette occasion aucun argent, ni directement ni par personne interposée ; si cependant ils étaient dans le besoin, ils pourraient recevoir non de l'argent mais d'autres choses nécessaires à la vie du corps ; cela, par nécessité et comme le feraient d'autres pauvres.
Quand le postulant reviendra, le ministre lui accordera l'habit de novice pour un an : deux tuniques sans capuce, une corde, des braies et un chaperon jusqu'à la ceinture.
Au bout de l'année fixée pour le noviciat, il sera admis à l'obéissance, et dès lors il ne lui sera plus permis de passer à un autre ordre ni de s'évader de l'obéissance, ainsi que l'a prescrit le seigneur Pape, car, selon l'Evangile, celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas apte au royaume de Dieu.
S'il se présente quelqu'un qui, en raison de quelque empêchement, ne peut donner ses biens aux pauvres, et qui cependant, pour des motifs spirituels, veut mener notre vie, il lui suffira de quitter ce qu'il a.
Que nul ne soit admis au mépris des lois et institutions de la sainte Eglise.
Les frères qui ont promis obéissance auront une tunique avec capuce, une autre sans capuce si c'est nécessaire, une corde et des braies.
Tous les frères porteront des habits grossiers ; ils pourront les doubler de grosse toile et d'autres morceaux de tissu, avec la bénédiction de Dieu ; car le Seigneur dit dans l'Evangile : Ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans le luxe, ceux qui se revêtent d'habits recherchés, ceux-là sont dans les maisons des rois.
Même si on les traite d'hypocrites, qu'ils ne cessent pas pour autant de bien agir; qu'ils ne recherchent pas les habits précieux de ce monde, afin d'obtenir le vêtement du royaume des cieux.
3. L'office divin et le jeûne.
Le Seigneur dit : Ce genre de démons ne se chasse que par le jeûne et la prière ; et encore : Quand vous jeûnerez, ne vous donnez pas un air triste, comme font les hypocrites.
C'est pourquoi tous les frères, clercs et laïcs, célébreront l'office divin, les louanges et les prières, chacun selon ce qui lui est prescrit : Les clercs se conformeront aux coutumes des autres clercs concernant la célébration de l'office et la prière pour les vivants et pour les morts ; de plus, en réparation des manquements et négligences des frères, ils diront chaque jour le psaume Miserere et le Pater ; pour les frères défunts, ils diront le psaume De Profundis et le Pater.
Ils pourront posséder les livres nécessaires à la célébration de l'office, mais pas davantage ; les laïcs qui savent lire le psautier pourront en avoir un eux aussi ; ceux qui ne savent pas lire ne pourront avoir aucun livre.
Les laïcs diront le Credo et vingt-quatre Pater avec Gloria Patri pour Matines ; cinq pour Laudes ; pour Prime, le Credo et sept Pater avec Gloria Patri ; pour Tierce, Sexte et None, sept Pater chaque fois ; douze pour Vêpres ; pour les Complies, le Credo et sept Pater avec Gloria Patri ; pour les défunts, sept Pater avec Requiem aeternam ; pour les manquements et négligences des frères, trois Pater chaque jour.
Tous les frères jeûneront aussi de la Toussaint à Noël ; et de l'Epiphanie, début du carême de notre Seigneur Jésus-Christ, jusqu'à Pâques.
Le reste de l'année, ils ne seront tenus au jeûne, selon notre règle, que le vendredi.
Et, selon l'Evangile, qu'il leur soit permis de manger de tout ce qu'on leur présente.
4. Les relations entre les ministres et les autres frères.
Au nom du Seigneur.
Tous les frères désignés comme ministres et serviteurs des autres frères placeront leurs frères dans les provinces et les résidences de leur juridiction ; ils les visiteront souvent, leur donneront des avis spirituels et stimuleront leur générosité.
Et tous mes autres frères bénis leur obéiront avec empressement en tout ce qui concerne le salut de leur âme et n'est pas contraire à notre règle de vie.
Qu'ils se conduisent entre eux comme dit le Seigneur: Ce que vous voulez qu'on vous fasse, faites-le aux autres ; et : Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui.
Les ministres et serviteurs se rappelleront que le Seigneur dit : Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ; ils se rappelleront que l'âme de leurs frères leur a été confiée ; si l'un d'eux se perd par leur faute et par leur mauvais exemple, ils auront à en rendre compte au jour du jugement devant le Seigneur Jésus-Christ.
5. La correction des frères qui ont péché.
Soyez donc les gardiens vigilants de votre âme et de celle de vos frères, car c'est chose effroyable de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Si un ministre donnait à un frère un ordre contraire à notre règle de vie ou à sa conscience, le frère ne devrait pas obéir, car il ne peut être question d'obéissance là où il y a faute et péché.
Cependant, tous les frères qui sont sujets seront attentifs, discrètement et soigneusement, à la conduite des ministres et serviteurs ; s'ils constatent que l'un d'eux, contrairement à notre règle de vie, se comporte en esclave de la chair et non dans la docilité à l'Esprit, et si après trois observations il ne s'est pas amendé, ils le dénonceront, lors du chapitre de la Pentecôte, au ministre et serviteur de toute la Fraternité, sans se laisser influencer par aucune pression.
Quant aux autres frères, où qu'ils soient, si l'un d'eux veut se conduire en esclave de la chair et non dans la docilité à l'Esprit, ses compagnons lui feront des remarques, lui donneront des conseils, et le reprendront avec humilité mais fermement.
Si, après trois observations, il ne veut pas s'amender, on l'enverra au plus tôt, ou on le dénoncera, à son ministre et serviteur qui fera de lui ce que, selon Dieu, il jugera le plus à propos.
Tous les frères, les ministres et serviteurs comme les autres, auront soin de ne jamais se troubler ni s'irriter à cause du péché ou du mauvais exemple d'autrui ; car le démon, par le péché d'un seul, cherche à en ravager beaucoup.
Que de leur mieux, au contraire, les frères viennent en aide spirituellement au coupable, car ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.
Sur aucun homme, mais surtout sur aucun autre frère, nul frère ne se prévaudra jamais d'aucun pouvoir de domination.
Comme dit le Seigneur dans l'Evangile, les princes des nations leur commandent, et les grands des peuples exercent le pouvoir ; mais il n'en sera pas de même parmi les frères ; qui voudra être le plus grand parmi eux sera leur ministre et serviteur, et le plus grand parmi eux sera comme le plus petit.
Aucun frère ne doit dire ni faire aucun mal à un autre ; au contraire, par esprit d'amour, qu'ils se rendent volontiers service et s'obéissent mutuellement ; telle est la vraie et sainte obéissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
Tous les frères, chaque fois que, selon le mot du prophète, ils s'écarteront des commandements du Seigneur et s'évaderont de l'obéissance, qu'ils sachent que, hors de l'obéissance, ils sont maudits tant qu'ils persistent sciemment dans ce péché.
Mais tant qu'ils persévèrent dans les commandements du Seigneur, comme ils l'ont promis, par l'observance du saint Evangile et de leur règle de vie, qu'ils sachent qu'ils se maintiennent ainsi dans une véritable obéissance, et qu'ils soient bénis du Seigneur.
6. Le recours aux ministres. Aucun frère n'aura le titre de prieur.
Si dans une résidence, où qu'elle soit, les frères se trouvent dans l'impossibilité de mener notre vie, ils recourront le plus tôt possible à leur ministre et lui exposeront leur cas.
Le ministre alors cherchera une solution pour leur venir en aide, comme il voudrait qu'on fit pour lui en pareille circonstance.
On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous indistinctement celui de frères mineurs.
Ils se laveront les pieds les uns aux autres.
7. La manière de servir et de travailler.
Que nul des frères, placé ici ou là pour un service ou un travail chez autrui, ne soit jamais trésorier, chancelier ni intendant dans la maison où il sert ; il n'acceptera aucune charge qui pourrait causer du scandale aux autres ou porter préjudice à son âme ; mais il se fera petit et soumis à tous ceux qui habitent la même maison.
Les frères qui savent travailler, travailleront, et exerceront le métier qu'ils connaissent, si ce n'est pas contraire au salut de leur âme et s'ils peuvent s'y adonner honnêtement.
Car, dit le prophète, quand tu mangeras le travail de tes mains, tu seras heureux et ce sera un bonheur pour toi.
Et l'Apôtre : Que celui qui ne veut pas travailler ne mange pas.
Et : Que chacun reste dans la profession ou le métier où il se trouvait quand il a été appelé.
En échange de leur travail, ils pourront recevoir tout ce qui leur est nécessaire, mais pas d'argent.
Si besoin est, ils iront à la quête comme les autres pauvres.
Ils pourront avoir les outils et instruments nécessaires à leur métier.
Tous les frères s'appliqueront avec ardeur à un bon travail, car il est écrit : Sois toujours en train de faire quelque chose de bon, pour que le diable te trouve occupé.
Et encore : L'oisiveté est ennemie de l'âme.
Voilà pourquoi les serviteurs de Dieu doivent toujours se livrer à la prière ou à quelque bonne activité.
Les frères, où qu'ils soient, en ermitage ou en quelque autre résidence, auront soin de ne s'approprier aucun emplacement, et de n'entrer en contestation avec qui que ce soit pour le revendiquer.
Quiconque vient à eux, ami ou ennemi, voleur ou brigand, doit être bien reçu.
Les frères, en quelque pays qu'ils soient, en quelque résidence qu'ils se rencontrent, doivent non pas se chercher noise les uns aux autres, mais se témoigner un respect et une estime spirituels et empressés.
Qu'ils aient bien soin de ne pas affecter un air sombre, une tristesse hypocrite ; mais qu'ils se montrent joyeux dans le Seigneur, gais, aimables, et gracieux comme il convient.
8. Défense aux frères de recevoir de l'argent.
Le Seigneur ordonne dans l'Evangile : Gardez-vous soigneusement de tout attachement mauvais ; évitez soigneusement les préoccupations de ce monde et les soucis matériels.
Aussi nul des frères, qu'il demeure dans une résidence ou qu'il soit en voyage, ne doit en aucune manière accepter lui-même ou faire recueillir pour son compte ni pièces d'or ni menue monnaie, et cela ni pour acheter des vêtements ou des livres, ni en guise de salaire pour aucun travail, ni sous aucun prétexte, sauf cas de nécessité évidente pour les frères malades ; car l'or et la monnaie, nous ne devons pas les considérer comme plus utiles ou plus précieux que les cailloux.
Le diable s'emploie à aveugler ceux qui convoitent l'argent ou qui lui accordent plus de valeur qu'a des cailloux.
Nous qui avons tout quitté, n'allons donc pas perdre pour si peu le royaume des cieux.
S'il nous arrive de trouver quelque part des pièces de monnaie, n'y faisons pas plus attention qu'à la poussière que nous foulons aux pieds : car cela est vanité des vanités, et tout est vanité.
S'il arrive - ce qu'à Dieu ne plaise ! - qu'un frère amasse ou conserve de l'argent, excepté seulement, comme nous l'avons dit, pour les besoins des malades, tous les autres doivent le tenir pour un faux-frère, un apostat, un voleur, un larron, avare et traître comme Judas, à moins qu'il ne se repente vraiment.
En aucune manière les frères ne doivent recevoir ou faire recevoir, quêter ou faire quêter de la monnaie au lieu d'aumônes en nature ; ils ne doivent pas ramasser de l'argent pour la construction de maisons ou résidences ; ils n'accompagneront pas non plus des personnes qui quêtent ainsi de l'argent ou de la monnaie.
Tout autre service qui n'est pas en contradiction avec notre règle de vie, les frères peuvent s'y adonner, avec la bénédiction de Dieu.
Toutefois, en cas de nécessité évidente, les frères peuvent demander l'aumône pour les lépreux.
Qu'ils restent néanmoins toujours sur leurs gardes au sujet de l'argent !
Que tous les frères évitent aussi ces tournées de quêtes à travers les provinces, qui n'ont pour but que de rapporter un gain honteux !
9. La quête en nature.
Tous les frères s'appliqueront à suivre l'humilité et la pauvreté de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils se rappelleront que, de tous les biens de ce monde, nous ne devons garder rien d'autre que ce qu'indique l'Apôtre : Si nous avons de quoi manger et nous vêtir, nous devons nous en contenter.
Ils doivent se réjouir quand ils se trouvent parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres et des infirmes, des malades et des lépreux, et des mendiants des rues.
Lorsqu'il le faudra, ils iront quêter en nature.
Qu'ils n'aient point honte ; qu'ils se rappellent plutôt que notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant tout puissant, a rendu son visage dur comme pierre, sans rougir ; qu'il fut pauvre et sans abri, qu'il a vécu d'aumônes, lui, et la bienheureuse Vierge, et ses disciples.
Quand on leur ferait honte et qu'on leur refuserait l'aumône, ils devraient en rendre grâces à Dieu ; car de ces affronts, ils recevront grand honneur devant le tribunal de notre Seigneur Jésus-Christ.
Qu'ils le sachent bien : l'affront fait tort non à ceux qui le souffrent, mais à ceux qui l'infligent.
L'aumône est l'héritage et le droit des pauvres : notre Seigneur Jésus-Christ nous les a acquis.
Les frères qui auront travaillé pour obtenir en échange ces aumônes recevront eux-mêmes une grande récompense, mais ils font aussi gagner et acquérir une grande récompense à ceux qui leur donnent ; car tout ce que les hommes doivent abandonner en quittant le monde disparaît à jamais ; mais, de la charité et des aumônes qu'ils auront faites, ils recevront du Seigneur la récompense.
En toute confiance, que chacun s'ouvre à son frère de ses besoins, pour qu'on lui obtienne et qu'on lui procure ce dont il a besoin.
Que chacun, selon les moyens dont Dieu lui fera la grâce, aime et nourrisse son frère, comme une mère aime et nourrit son fils.
Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas ; que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange.
En cas de nécessité, tous les frères, où qu'ils soient, pourront faire usage de tout ce qui peut se manger, ainsi que le Seigneur l'a affirmé à propos de David qui mangea les pains de proposition ; or, seuls les prêtres avaient le droit de les manger.
Les frères se rappelleront que le Seigneur dit : Prenez garde que vos coeurs ne se chargent de mangeaille, d'ivresse, ni des soucis de cette vie, de peur que le jour du Jugement ne vienne vous surprendre, car il tombera comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de la terre.
De même, en cas de nécessité évidente, tous les frères utiliseront comme le Seigneur leur en fera la grâce tout ce dont ils auront besoin ; car nécessité ne connaît pas de loi.
10. Les frères malades.
Si un frère, où qu'il soit, tombe malade, les autres frères ne le quitteront pas avant d'avoir désigné un frère - ou plusieurs s'il le faut - pour le servir comme ils voudraient eux-mêmes être servis.
Mais en cas de très grande nécessité, ils pourront confier le malade à une personne qui sera chargée de le soigner dans sa maladie.
Quant au frère malade, je le prie de rendre grâces au Créateur de tout ce qui lui arrive ; tel le Seigneur le veut, tel il doit se vouloir : bien portant ou malade ; car tous ceux que Dieu a prédestinés à la vie éternelle, il les y prépare par l'aiguillon de la souffrance et de la maladie et par l'esprit de pénitence, ainsi que dit le Seigneur: Ceux que j'aime, je les corrige et je les châtie.
Si un frère malade se trouble ou s'irrite soit contre Dieu soit contre ses frères, ou s'il exige ses remèdes avec impatience, dans un désir excessif de sauver une chair qui pourtant mourra bientôt et qui est ennemie de l'âme, cela lui est inspiré par l'esprit mauvais ; c'est un homme charnel, il ne se conduit pas comme un de nos frères, puisqu'il aime le corps plus que l'âme.
11. Ni dispute ni diffamation: l'amour fraternel.
Tous les frères auront soin de ne calomnier personne, d'éviter les paroles de dispute.
Qu'ils essaient plutôt de garder le silence autant que Dieu leur en donnera la grâce.
Ils ne se disputeront point entre eux ni avec d'autres, mais ils s'efforceront de répondre humblement : nous ne sommes que des serviteurs inutiles.
Ils ne s'irriteront point : car celui qui se met en colère contre son frère sera passible du jugement ; celui qui dit : Raca ! sera passible du Tribunal ; celui qui dira : Fou ! sera passible de la géhenne du feu.
Ils s'aimeront les uns les autres, conformément à la parole du Seigneur : Mon commandement est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.
Par des actes ils témoigneront de l'amour mutuel qu'ils doivent se porter, conformément à la parole de l'Apôtre : N'aimons point de parole et de bouche, mais véritablement et par des actes.
Ils n'outrageront personne ; ils ne diffameront, ils ne dénigreront personne ; car il est écrit : Le Seigneur hait les rapporteurs et les médisants.
Ils seront modestes, animés de la plus grande douceur envers tous les hommes.
Ils ne doivent ni juger ni condamner ; comme dit le Seigneur, ils n'examineront pas les moindres péchés des autres, mais ils repasseront leurs propres péchés dans l'amertume de leur coeur,
Ils s'efforceront d'entrer par la porte étroite, car, dit le Seigneur, étroite est la porte, et resserrée la route qui conduit à la vie, et il en est peu qui la trouvent.
12. Eviter les mauvais regards et la fréquentation des femmes.
Tous les frères, où qu'ils soient, où qu'ils aillent, se garderont bien des mauvais regards et de la fréquentation des femmes.
Nul ne doit s'entretenir ni voyager seul avec elles, ni manger au même plat.
Que les prêtres, en confession ou en direction spirituelle, leur tiennent des discours honnêtes.
En aucun cas on n'admettra qu'une femme promette obéissance à un frère ; elle peut recevoir de lui une direction spirituelle, mais ensuite qu'elle aille faire pénitence où elle veut.
Veillons tous beaucoup sur nous, gardons purs tous nos sens, car le Seigneur dit : Qui regarde une femme pour la désirer a déjà commis l'adultère en son coeur.
Et l'Apôtre : Ignorez-vous que votre corps est le temple de l'Esprit-Saint ? Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira.
13. Le châtiment des fornicateurs.
S'il arrivait qu'un des frères, à l'instigation du diable, se rendait coupable de fornication, on devrait lui enlever l'habit de l'Ordre ; il n'y a plus droit, après sa honteuse iniquité : il en sera donc totalement privé et sera définitivement chassé de notre Ordre.
Ensuite, il devra faire pénitence de ses péchés.
14. La manière de voyager.
Lorsque les frères vont par le monde, qu'ils n'emportent rien en voyage : ni sac, ni besace, ni pain, ni argent, ni bâton.
En quelque maison qu'ils entrent, qu'ils disent d'abord : Paix à cette maison !
Qu'ils y demeurent, qu'ils y mangent et boivent ce qu'on leur présentera.
Qu'ils ne résistent pas au méchant, mais si on les frappe sur une joue, qu'ils tendent l'autre ; si on leur enlève leur vêtement, qu'ils ne refusent pas leur tunique.
Qu'ils donnent à quiconque leur demande, et qu'ils ne réclament pas ce qu'on leur aura volé.
15. Défense d'entretenir des animaux et d'aller à cheval.
J'enjoins à tous mes frères, tant clercs que laïcs, en voyage à travers le monde ou fixes dans leurs résidences, de ne posséder aucune bête, ni chez eux ni chez autrui.
Il leur est interdit d'aller à cheval, à moins d'y être contraints par l'infirmité ou par une grande nécessité.
16. Ceux qui vont chez les Sarrasins et autres infidèles.
Le Seigneur dit : Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes.
Tout frère donc qui, sous l'inspiration de Dieu, voudra partir chez les Sarrasins et autres infidèles, pourra y aller, avec l'autorisation de son ministre et serviteur.
Le ministre, lui, doit donner cette autorisation sans s'y opposer, s'il le reconnaît capable de cette mission; il devra rendre compte au Seigneur si, en cette affaire ou en d'autres, il agit sans discernement.
Les frères qui s'en vont ainsi peuvent envisager leur rôle spirituel de deux manières ; ou bien, ne faire ni procès ni disputes, être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu, et confesser simplement qu'ils sont chrétiens ; ou bien, s'ils voient que telle est la volonté de Dieu, annoncer la Parole de Dieu, afin que les païens croient au Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, et en son Fils Rédempteur et Sauveur, se fassent baptiser et deviennent chrétiens ; car si on ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit-Saint, on ne peut entrer au royaume de Dieu.
Cette doctrine, et aussi toute autre qui soit agréable au Seigneur, ils peuvent la prêcher aux infidèles et aux autres hommes, car le Seigneur dit dans l'Evangile : Qui me reconnaîtra devant le hommes, je le reconnaîtrai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; qui rougira de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme rougira de lui quand il viendra dans sa majesté, dans la gloire de son Père et des saints Anges.
Tous les frères, où qu'ils soient, se rappelleront qu'ils ont livré leur corps à notre Seigneur Jésus-Christ, et que, pour son amour, ils doivent affronter les ennemis tant visibles qu'invisibles, car le Seigneur dit : Qui perd son âme à cause de moi la sauvera pour la vie éternelle.
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient.
S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi.
Mais si on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre.
Bienheureux êtes-vous quand on vous hait, lorsqu'on vous maudit, qu'on proscrit votre nom comme infâme, qu'on dit toute sorte de mal, en mentant, contre vous à cause de moi ; réjouissez-vous en ce jour et soyez heureux, car votre récompense est grande dans les cieux.
Je vous dis, à vous mes amis, de ne pas vous effrayer de tout cela, de ne pas craindre ceux qui tuent le corps et ne peuvent faire plus.
Ne vous troublez donc pas, car c'est par votre patience que vous sauverez votre âme.
Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.
17. Les prédicateurs.
Aucun frère ne prêchera contrairement à la tradition et aux institutions de la sainte Eglise romaine, ni sans en avoir obtenu l'autorisation de son ministre.
Le ministre, lui, prendra bien garde d'accorder cette autorisation sans discernement.
Cela n'exclut pas que tous les frères doivent prêcher par leurs actes.
Aucun ministre, aucun prédicateur ne revendiquera comme un bien propre, soit sa charge de ministre des frères, soit l'office de prédicateur; mais, à l'heure même où on le lui enjoindrait, il devrait abandonner sa charge sans contester.
Je supplie donc, dans l'amour qu'est Dieu, tous mes frères: ceux qui prêchent, ceux qui prient, ceux qui travaillent manuellement, clercs et laïcs, de s'appliquer à l'humilité en tout, de ne pas se glorifier, se réjouir, s'enorgueillir intérieurement des bonnes paroles et bonnes actions, ni même d'aucun bien que Dieu dit, fait ou accomplit parfois en eux et par eux. Selon la parole du Seigneur, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits mauvais vous sont soumis.
Soyons-en fermement convaincus ; nous n'avons à nous que les vices et les péchés.
C'est plutôt lorsque nous sommes soumis à diverses épreuves que nous devons nous réjouir, lorsque nous avons à supporter, dans notre âme et dans notre corps, toutes sortes d'angoisses et de tribulations en ce monde pour la vie éternelle.
Frères, gardons-nous donc de tout orgueil et de toute vaine gloire.
Gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence égoïste.
Car celui qui est esclave de ses tendances égoïstes met beaucoup de volonté et d'application à tenir des discours, mais beaucoup moins à passer aux actes ; au lieu de rechercher la religion et la sainteté intérieures de l'esprit, il veut et il désire une religion et une sainteté extérieures bien visibles aux yeux des hommes.
C'est d'eux que le Seigneur dit : Je vous le dis en vérité, ils ont reçu leur récompense.
Celui, au contraire, qui est docile à l'esprit du Seigneur veut mortifier et humilier cette chair égoïste, vile et abjecte ; il s'applique à l'humilité et à la patience, à la pure simplicité et à la paix véritable de l'esprit ; ce qu'il désire toujours et par-dessus tout, c'est la crainte de Dieu, la sagesse de Dieu, et l'amour de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Tous les biens, rendons-les au Seigneur Dieu très haut et souverain ; reconnaissons que tous biens lui appartiennent ; rendons-lui grâces pour tout, puisque c'est de lui que procèdent tous les biens.
Lui, le Dieu très haut et souverain, le seul vrai Dieu, qu'il obtienne, qu'on lui rende, qu'il reçoive tous honneurs et respects, toutes louanges et bénédictions, toute reconnaissance et toute gloire ; car tout bien est à lui qui seul est bon.
Et nous, pour notre part, quand nous voyons ou entendons, maudire, bénissons ; faire le mal, faisons le bien, blasphémer, louons le Seigneur, qui est béni pour les siècles des siècles.
18. Les assemblées de ministres.
Chaque année, à la Saint-Michel, chaque ministre pourra réunir ses frères où il leur plaira, pour s'entretenir des choses de Dieu.
Et à la Pentecôte, tous les ministres se réuniront en chapitre à Sainte-Marie de la Portioncule (ceux des provinces d'outre-mer et d'outre-monts une fois tous les trois ans ; les autres une fois par an) à moins que le ministre et serviteur de toute la Fraternité n'en ait décidé autrement.
19. Les frères doivent vivre en catholiques.
Que tous les frères soient catholiques ; qu'ils vivent et qu'ils parlent en catholiques.
Si l'un d'eux vient à s'écarter de la foi et de la morale catholique, en parole ou en action, et s'il ne se corrige pas, il sera définitivement expulsé de notre Fraternité.
Tous les clercs et tous ceux qui mènent la vie religieuse, nous devons les considérer comme nos seigneurs en ce qui regarde le salut de notre âme et ne s'oppose pas à notre règle ; nous devons vénérer dans le Seigneur leur ordre, leur office et leur ministère.
20. La confession et la communion des frères.
Mes frères bénis, clercs et laïcs, confesseront leurs péchés aux prêtres de notre Ordre.
En cas d'impossibilité, ils se confesseront à des prêtres étrangers à l'Ordre mais catholiques et de jugement droit. Qu'ils en soient bien convaincus et intimement persuadés : peu importe le prêtre catholique dont ils reçoivent pénitence et absolution, pourvu qu'ils aient soin d'accomplir humblement et fidèlement la pénitence qui leur a été imposée, ils sont certainement absous de leurs péchés.
S'ils ne peuvent trouver aucun prêtre, alors ils se confesseront à l'un de leurs frères, ainsi que dit l'apôtre saint Jacques : confessez-vous l'un à l'autre vos péchés.
Ils ne doivent cependant pas omettre pour autant de recourir aux prêtres, car c'est aux prêtres seulement que fut accordé le pouvoir de lier et de délier.
Ainsi contrits et confessés, ils recevront le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ avec beaucoup d'humilité et de vénération, se souvenant de ce que dit le Seigneur lui-même : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et : Faites ceci en mémoire de moi.
21. Louange et exhortation que peuvent faire tous les frères.
Voici le genre d'exhortation et de louange que tous mes frères, quand il leur plaira, peuvent prononcer devant n'importe quel auditoire, avec la bénédiction de Dieu : Craignez et honorez, louez et bénissez, remerciez et adorez le Seigneur Dieu tout puissant, dans sa Trinité et dans son Unité, Père, Fils et Saint-Esprit, créateur de toutes choses.
Faites pénitence, faites de vrais actes de pénitence, car vous mourrez bientôt.
Donnez, et il vous sera donné ; pardonnez, et il vous sera pardonné.
Si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, Dieu ne vous pardonnera pas vos péchés. Confessez tous vos péchés.
Heureux ceux qui meurent convertis, car ils iront au royaume des cieux.
Malheur à ceux qui meurent sans s'être convertis, car ils seront fils du diable, dont ils accomplissent les oeuvres, et ils iront au feu éternel.
Veillez donc et gardez-vous de tout mal, et persévérez jusqu'à la fin dans le bien.
22. Admonition aux frères.
Nous, tous les frères, considérons attentivement ce que dit le Seigneur : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Notre Seigneur Jésus-Christ, dont nous devons suivre les traces, a donné le nom d'ami à celui qui le trahissait, et il s'est offert de son plein gré à ceux qui allaient le crucifier.
Ils sont donc nos amis, tous ceux qui nous infligent injustement tribulations et angoisses, affronts et injures, douleurs et tourments, martyre et mort ; nous devons les aimer beaucoup, car les coups qu'ils nous portent nous vaudront la vie éternelle.
Haïssons notre corps, avec ses vices et ses péchés ; notre corps, par un comportement égoïste et sensuel, veut nous enlever l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ et la vie éternelle, et se perdre lui-même, avec tout ce qu'il a, dans l'enfer.
Car, par notre faute, nous sommes pourriture et misère, opposés au bien mais toujours prompts et volontaires pour le mal : le coeur de l'homme, dit le Seigneur dans l'Evangile, voilà d'où procèdent et sortent pensées mauvaises, adultères, fornications, homicides, vols, avarice, injustice, ruses, impudeurs, regards mauvais, faux témoignages, blasphèmes, orgueil, sottise : tous ces péchés sortent du fond du coeur, et c'est là ce qui souille l'homme.
Mais nous, nous avons rompu avec le monde ; nous n'avons plus rien d'autre à faire que de nous appliquer à suivre la volonté du Seigneur et à lui plaire.
Prenons bien garde, ne soyons pas cette terre du chemin, ni cette terre caillouteuse ou envahie de ronces, dont le Seigneur parle dans l'Evangile : Le grain est la parole de Dieu.
Ce qui tombe le long du chemin et qui est foulé aux pieds représente ceux qui entendent la parole et ne la comprennent pas ; et aussitôt le diable vient s'emparer de ce qui a été semé dans leur coeur; et il enlève de leur coeur la parole de Dieu pour qu'ils ne puissent croire et être sauvés.
Ce qui tombe sur la terre caillouteuse représente ceux qui entendent la parole et la reçoivent aussitôt avec joie ; mais que viennent tribulations et persécution à cause de cette parole, ils succombent aussitôt ; il n'y a pas de racines en eux, ils sont inconstants, ils ne croient que pour un moment, et à l'heure de l'épreuve ils font défection.
Ce qui tombe dans les épines représente ceux qui entendent la parole de Dieu ; mais les soucis et les tracas de ce siècle, la séduction trompeuse des richesses et toutes les autres convoitises s'introduisent dans leur coeur, et ils demeurent stériles.
Ce qui est semé dans la bonne terre représente ceux qui, dans un coeur noble et généreux, entendent la parole, la comprennent, la gardent, et, par leur fermeté persévérante, portent du fruit.
Voilà pourquoi, nous, frères, laissons, comme dit le Seigneur, les morts ensevelir leurs morts.
Gardons-nous bien de la malice et de la subtilité de Satan qui veut empêcher l'homme de tenir son esprit et son coeur tournés vers le Seigneur ; il rôde et voudrait bien s'emparer du coeur de l'homme par l'attrait de quelque récompense ou de quelque avantage, étouffer dans la mémoire de l'homme la parole et les préceptes du Seigneur, aveugler le coeur de l'homme par les affaires et les soucis du monde, et finalement s'y établir. Le Seigneur l'a dit : Lorsqu'un esprit impur est sorti d'un homme, il s'en va errant par des lieux secs et arides, à la recherche d'un logis tranquille ; et n'en trouvant pas, il se dit : Je vais retourner dans ma maison, d'où je suis sorti.
A son arrivée, il la trouve libre, balayée, soignée. Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus méchants que lui ; ils y entrent et s'y installent ; et l'état final ce cet homme devient pire que le premier.
Soyons donc tous très vigilants, frères : que l'attrait d'une récompense à obtenir, d'un travail à faire, ou d'un avantage quelconque ne vienne pas pervertir et disputer au Seigneur Dieu notre esprit et notre coeur.
Dans la sainte charité qu'est Dieu, je prie tous mes frères, les ministres et les autres, de s'employer du mieux qu'ils pourront à supprimer tout empêchement, à rejeter tout souci et tout tracas, pour servir, aimer, adorer et honorer le Seigneur dans la pureté de leur coeur et de leur esprit, car c'est là ce que lui-même désire par-dessus tout.
Faisons-lui donc toujours, en nous, un temple et une demeure : pour lui, le Seigneur Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, qui nous dit : Veillez et priez en tout temps, afin que vous soyez jugés dignes d'échapper à tous les maux à venir, et de paraître devant le Fils de l'homme.
Et quand vous vous mettrez en prière, dites : Notre Père qui es aux cieux.
Adorons-le d'un coeur pur, car il faut prier toujours sans jamais se lasser.
Voilà les adorateurs que recherche le Père ; Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité.
Recourons à lui comme au pasteur et au gardien de nos âmes, puisqu'il nous a dit: je suis le bon pasteur ; je fais paître mes brebis et je donne ma vie pour elles.
Vous êtes tous frères. N'appelez personne votre père sur la terre, car vous n'avez qu'un seul père, qui est dans les cieux.
Ne vous faites pas appeler maîtres, car vous n'avez qu'un maître, qui est dans les cieux.
Si vous demeurez en moi, si mes paroles demeurent en vous, tout ce que vous voudrez vous n'aurez qu'à le demander, et vous l'aurez.
Que deux ou trois se trouvent rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux.
Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.
Je suis la voie, la vérité et la vie.
Soyons donc fidèles aux paroles, à la vie, à la doctrine et au saint Evangile de celui qui a daigné prier son Père pour nous et nous révéler son Nom ; de celui qui a dit : Père, glorifie ton Nom, et : Glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie.
Père, j'ai révélé ton Nom aux hommes que tu m'as donnés; car les paroles que tu m'as données, je les leur ai données; ils les ont accueillies, ils ont reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé.
C'est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, pour qu'ils soient un comme nous.
Je dis ces choses, encore présent dans le monde, pour qu'ils aient en eux la joie.
Je leur ai donné ta parole. et le monde les a pris en haine. parce qu'ils ne sont pas du monde, de même que moi ne je suis pas du monde.
Je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais.
Sanctifie-les dans la vérité.
Ta parole est vérité.
Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde.
Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité.
Je ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole, croiront en moi : que tous soient un, et que le monde sache que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.
Et je leur ferai connaître ton Nom pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux.
Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis ils soient aussi avec moi, pour qu'ils contemplent ta gloire dans ton royaume. Amen.
23. Prière et action de grâces.
Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, Père saint et juste, Seigneur, roi du ciel et de la terre, nous te rendons grâces à cause de toi-même, parce que, par ta sainte volonté, et par ton Fils unique avec le Saint-Esprit, tu as créé toutes choses, spirituelles et corporelles; tu nous as faits à ton image et ressemblance, tu nous as placés dans le paradis ; et nous, par notre faute, nous sommes tombés.
Nous te rendons grâces parce que, de même que tu nous as créés par ton Fils, de même, par le saint amour dont tu nous as aimés, tu as fait naître ton Fils, vrai Dieu et vrai homme, de la glorieuse Vierge sainte Marie, et, par sa croix, son sang et sa mort, tu as voulu nos racheter de notre captivité.
Et nous te rendons grâces parce que ce même Fils reviendra dans la gloire de sa majesté, pour envoyer au feu éternel les maudits qui ont refusé de se convertir et de te reconnaître ; et pour dire à tous ceux qui t'auront reconnu, adoré et servi dans la pénitence : Venez les bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde.
Indigents et pécheurs que nous sommes tous, nous ne sommes pas dignes de te nommer ; accepte donc, nous t'en prions, que notre Seigneur Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé en qui tu te complais, avec le Saint-Esprit Paraclet, te rende grâces lui-même pour tout, comme il te plaît et comme il lui plaît, lui qui toujours te suffit en tout, lui par qui tu as tant fait pour nous. Alléluia !
Et sa glorieuse mère, la bienheureuse Vierge Marie, les bienheureux Michel, Gabriel, Raphaël, et tous les choeurs des esprits bienheureux : Séraphins, Chérubins et Trônes, Dominations, Principautés et Puissances, Vertus, Anges et Archanges ; le bienheureux Jean Baptiste, Jean l'Evangéliste, Pierre et Paul, et les bienheureux Patriarches, Prophètes, Innocents, Apôtres, Evangélistes, Disciples, Martyrs, Confesseurs, Vierges, les bienheureux Elie et Énoch ; et tous les saints qui furent, qui seront et qui sont : pour ton amour nous les supplions humblement de rendre grâces pour tout bien, comme il te plaît, à toi le Dieu souverain, vivant, éternel et vrai, avec ton Fils très cher, notre Seigneur Jésus-Christ, et la Saint-Esprit Paraclet, dans les siècles des siècles. Amen. Alléluia !
Tous ceux qui, dans la sainte Eglise catholique et apostolique, veulent servir le Seigneur Dieu ; tous les Ordres sacrés : prêtres, diacres, sous-diacres, acolytes, exorcistes, lecteurs, portiers, et tous les clercs, tous les religieux et toutes les religieuses ; tous les enfants, garçons et filles ; les pauvres et les indigents, les rois et les princes, les travailleurs et les paysans, les serfs et les seigneurs ; toutes les femmes : jeunes filles, veuves ou mariées ; tous les fidèles laïcs : hommes et femmes, enfants et adolescents, jeunes et vieux, bien portants et malades, petits et grands ; tous les peuples, races, tribus et langues ; enfin toutes les nations et tous les hommes, partout sur la terre, actuels ou à venir : humblement nous les prions et supplions, nous tous frères mineurs et serviteurs inutiles, de persévérer tous ensemble dans la vraie foi et dans la pénitence, car nul ne peut être sauvé autrement.
Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l'âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde ; malgré nos faiblesses et nos misères, nos corruptions et nos hontes, nos ingratitudes et notre méchanceté, il ne nous a fait et ne nous fait que du bien.
N'ayons donc d'autre désir, d'autre volonté, d'autre plaisir et d'autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain ; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, suave et doux ; qui seul est saint, juste, vrai et droit ; qui seul est bienveillant, innocent et pur ; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire pour tous les pénitents et les justes sur la terre et pour tous les bienheureux qui se réjouissent avec lui dans le ciel.
Désormais donc, plus d'obstacle, plus de barrière, plus d'écran !
Partout, en tout lieu, à toute heure et en tout temps, chaque jour et sans discontinuer, tous, croyons d'une foi humble et vraie, gardons dans notre coeur, sachons aimer, honorer, adorer, servir, louer et bénir, glorifier et célébrer, magnifier et remercier le très haut souverain Dieu éternel, trinité et unité, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, Sauveur de tous ceux qui mettent en lui leur foi, leur espérance et leur amour ; lui qui est sans commencement ni fin, immuable, invisible, inénarrable, ineffable, incompréhensible, impénétrable, béni, louable, glorieux et célébré, sublime, élevé, doux, aimable, délectable, et tout désirable plus que tout autre bien dans les siècles. Amen.
24. Conclusion.
Au nom du Seigneur je prie tous les frères d'apprendre le texte et le sens de tout ce qui est écrit dans cette règle de vie pour le salut de notre âme, et de se le remettre fréquemment en mémoire.
Je prie Dieu, qui est le Tout-Puissant, Trinité et Unité, de bénir lui-même tous ceux qui enseigneront, apprendront, garderont, rappelleront et accompliront tout ce qui est écrit pour notre salut, et cela chaque fois qu'ils en répéteront les paroles ou en accompliront les préceptes.
Je prie tous les frères, en leur baisant les pieds, d'aimer beaucoup cette règle, de la garder et de la conserver au fond du coeur.
De la part du Dieu tout puissant et du seigneur Pape, par obéissance, moi, frère François, je donne ce commandement strict et cet ordre : de tout ce qui est écrit dans cette règle de vie, que personne n'ôte rien ; à son contenu que personne n'ajoute rien ; et que les frères n'aient pas d'autre règle.
Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, maintenant comme au commencement et toujours, dans les siècles des siècles. Amen.