Frère Rufin (accueil)

A un ministre

  Au frère N....., ministre : que le Seigneur te bénisse !
Je vais t'expliquer comme je le puis ton cas de conscience. Des soucis ou des gens - frères et autres personnes - t'empêchent d'aimer le Seigneur Dieu ? Eh bien ! Même si, en plus, ils allaient jusqu'à te battre, tu devrais tenir tout cela pour une grâce.
Tu dois vouloir ta situation telle qu'elle est, et non pas la vouloir différente.
Considère cela comme une vraie charge ou " obédience " que le Seigneur Dieu et moi nous t'imposons, car telle est, j'en suis certain, l'obéissance véritable.
Aime ceux qui te causent des ennuis.
N'exige pas d'eux, sauf si le Seigneur t'indique le contraire, un changement d'attitude à ton égard.
C'est tels qu'ils sont que tu dois les aimer, sans même vouloir qu'ils soient (à ton égard) meilleurs chrétiens.
Cela sera pour toi plus méritoire que la vie en ermitage.
Voici à quoi je reconnaîtrai que tu aimes le Seigneur, et que tu m'aimes, moi, son serviteur et le tien : si n'importe quel frère au monde, après avoir péché autant qu'il est possible de pécher, peut rencontrer ton regard, demander ton pardon, et te quitter pardonné.
S'il ne demande pas pardon, demande-lui, toi, s'il veut être pardonné.
Et même si après cela il péchait encore mille fois contre toi, aime-le plus encore que tu m'aimes, et cela pour l'amener au Seigneur. Aie toujours pitié de ces malheureux.
Et quand l'occasion s'en présentera, fais savoir aux gardiens ta ferme résolution d'agir ainsi.
De tous les articles de la Règle qui traitent des péchés mortels, nous en ferons un seul, lors du chapitre de la Pentecôte, avec l'aide de Dieu et après avoir pris conseil des frères ; article ainsi conçu :
« Si un frère, à l'instigation de l'ennemi, commet un péché mortel, il sera tenu par obéissance de recourir à son gardien. Les frères qui connaîtraient sa faute ne lui feront ni affront ni reproche ; ils lui témoigneront au contraire beaucoup de bonté et tiendront soigneusement caché le péché de leur frère : car ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Ils seront tenus par obéissance de l'envoyer, accompagné, au custode. Et le custode agira envers lui avec autant de bonté qu'il en souhaiterait pour lui s'il était en un cas semblable. Si un frère tombe en quelque péché véniel, il se confessera à l'un de ses frères prêtres. S'il n'y a pas de prêtre, il se confessera à son frère, en attendant qu'il trouve un prêtre pour l'absoudre canoniquement comme il a été dit. Les frères ne pourront enjoindre d'autre pénitence que ceci: Va, et ne pèche plus ! »
Pour qu'on l'observe mieux, conserve avec toi cet écrit jusqu'au chapitre de la Pentecôte : tu y seras d'ailleurs avec tes frères.
Sur ce point, et sur les autres qui sont moins détaillés dans la Règle, tu feras ajouter, avec l'aide du Seigneur Dieu, les précisions nécessaires.



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