A tout l'Ordre
Au nom de la souveraine Trinité et de la sainte Unité, Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.
A tous les frères, auxquels il doit grand amour et respect : au frère......, Ministre général de tout l'Ordre des Frères Mineurs, son seigneur, et aux autres Ministres généraux qui viendront après lui ; à tous les ministres, custodes et prêtres de cette fraternité, qui sont humbles dans le Christ ; à tous les frères simples et obéissants, des premiers arrivés aux derniers qui viendront, le frère François, homme fragile et méprisable, votre tout petit serviteur, salut en celui qui nous a rachetés et lavés par son sang précieux, en celui que vous devez adorer avec crainte et respect, prosternés jusqu'a terre dès que vous entendez son nom, en celui dont le nom est le Seigneur Jésus-Christ, Fils du Très-Haut, qui est béni dans tous les siècles.
Ecoutez, fils du Seigneur, mes frères ; prêtez l'oreille à mes paroles ; tendez l'oreille de votre coeur et obéissez à la voix du Fils de Dieu. Gardez de tout votre coeur ses commandements et accomplissez parfaitement ses conseils. Proclamez qu'il est bon ; tout ce que vous faites, faites-le à sa louange. Car s'il vous a envoyés dans le monde entier, c'est pour que, de parole et d'action, vous rendiez témoignage à sa parole et que vous fassiez savoir à tous qu'il n'y a de tout puissant que lui. Persévérez dans la discipline et dans la sainte obéissance : ce que vous lui avez promis, observez-le avec fidélité et générosité. Le Seigneur Dieu s'offre à nous comme à des fils.
Je vous en prie donc instamment, vous tous mes frères, en vous baisant les pieds et avec tout l'amour dont je suis capable : témoignez tout le respect et tout l'honneur que vous pourrez au Corps et au Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, en qui tout ce qu'il y a dans le ciel et tout ce qu'il y a sur la terre a été pacifié et réconcilié au Dieu tout puissant.
Je prie aussi dans le Seigneur tous mes frères prêtres, ceux qui sont, ceux qui seront, ceux qui désirent devenir prêtres du Très-Haut ; lorsqu'ils veulent célébrer la messe, qu'ils soient purs, qu'ils accomplissent purement et avec respect le véritable sacrifice du Corps et du Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, dans une intention sainte et pure, et non en raison d'un intérêt matériel quelconque, ni par crainte ou amour de qui que ce soit, comme pour plaire aux hommes.
Que vers Dieu, au contraire, se tende leur volonté, avec l'aide de la grâce, pour ne plaire qu'à lui seul, le souverain Seigneur. Car lui seul opère dans ce mystère comme il lui plaît. Il a dit lui-même : Faites ceci en mémoire de moi. Si quelqu'un agissait avec une autre intention que celle-là, il deviendrait un nouveau Judas, un traître, et se rendrait coupable envers le Corps et le Sang du Seigneur. Rappelez-vous, mes frères prêtres, ce qui est écrit de la loi de Moïse : celui qui la méprisait, même dans ses prescriptions matérielles, était sans aucune pitié puni de mort, en vertu d'une sentence du Seigneur.
Combien plus grands et redoutables les supplices mérités par qui foule aux pieds le Fils de Dieu, par qui croit pouvoir souiller le sang de l'Alliance en laquelle il a été sanctifié, par qui outrage l'Esprit de grâce !
On méprise, on souille, on foule aux pieds l'Agneau de Dieu quand, selon la parole de l'Apôtre, on ne sépare pas et on ne distingue pas des autres nourritures le pain sacré du Christ, ni des autres actions son sacrifice, et quand on le mange sans être en état de grâce ; ou même quand on le mange en état de grâce, mais sans attention ni respect. Car le Seigneur dit par le Prophète : Maudit soit l'homme qui fraude dans l'accomplissement du sacrifice de Dieu !
Les prêtres qui ne veulent pas admettre sincèrement cela dans leur coeur, le Seigneur les condamne lorsqu'il dit : Je maudirai vos bénédictions.
Ecoutez, mes frères. Si la bienheureuse Vierge Marie est tellement honorée - et c'est justice - parce qu'elle a porté le Christ dans son sein très béni ; si le Baptiste bienheureux a tremblé, n'osant même pas toucher la tête sacrée de son Dieu ; si le tombeau dans lequel le corps du Christ a été couché pour quelque temps est entouré de vénération : comme il doit être saint, juste et digne, celui qui touche de ses mains, reçoit dans sa bouche et dans son coeur et donne aux autres en nourriture le Christ qui maintenant n'est plus mortel, mais éternellement vainqueur et glorieux, celui sur qui les anges désirent jeter les yeux. Voyez votre dignité, frères prêtres, et soyez saints parce qu'il est saint. Plus que tous, à cause de ce ministère, le Seigneur Dieu vous a honorés ; plus que tous, vous aussi, aimez-le, révérez-le, honorez-le.
Grande misère et misérable faiblesse si, le tenant ainsi présent entre vos mains, vous vous occupez de quelque autre chose au monde ! Que tout homme craigne, que le monde entier tremble, et que le ciel exulte, quand le Christ, Fils du Dieu vivant, est sur l'autel entre les mains du prêtre !
O admirable grandeur et stupéfiante bonté ! O humilité sublime, ô humble sublimité ! Le maître de l'univers, Dieu et Fils de Dieu, s'humilie pour notre salut, au point de se cacher sous une petite hostie de pain ! Voyez, frères, l'humilité de Dieu, et faites-lui l'hommage de vos coeurs. Humiliez-vous, vous aussi, pour pouvoir être exaltés par lui.
Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier. Je donne en outre cet avis et cette exhortation dans le Seigneur : dans les résidences où demeurent les frères, qu'on ne célèbre qu'une messe par jour selon le rite de la sainte Eglise. S'il s'y trouve plusieurs prêtres, que, par amour de la charité, ils se contentent d'assister à la messe célébrée par l'un d'eux. En effet, le Seigneur Jésus-Christ remplit tous ceux qui sont dignes de lui, absents aussi bien que présents. Il semble se trouver en de nombreux endroits : malgré cela il demeure indivisible et ne connaît aucune espèce de morcellement ; il est tout entier partout, et il agit comme il lui plaît, avec le Seigneur Dieu, Père et Esprit-Saint Paraclet, dans les siècles des siècles. Amen.
Ensuite, puisque celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu, nous devons, nous qui sommes plus spécialement affectés au service des sacrements de Dieu, non seulement écouter et faire ce que Dieu dit, mais encore, pour nous pénétrer nous-mêmes de la grandeur de notre Créateur et lui témoigner notre soumission, veiller avec soin sur les vases sacrés et aussi sur les écrits et les livres liturgiques qui contiennent ses saintes paroles.
Aussi j'avertis tous mes frères, et dans le Christ je les y engage : partout où ils trouveront des écrits contenant les paroles de Dieu, qu'ils les vénèrent de leur mieux. Pour autant que cela les concerne, si ces paroles ne sont pas conservées décemment, ou si elles gisent éparses en quelque lieu peu convenable, que les frères les recueillent et les rangent soigneusement, honorant dans ces textes le Seigneur qui les a proclamées. Car beaucoup de choses sont sanctifiées par les paroles de Dieu, et c'est la puissance des paroles du Christ qui accomplit le sacrement de l'autel. Et maintenant je confesse tous mes péchés au Seigneur Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ; à la bienheureuse Marie toujours vierge ; à tous les saints dans le ciel ou sur la terre ; au frère.... Ministre général de notre Ordre, qui est mon seigneur et auquel je dois le respect ; à tous les prêtres de notre Ordre et à tous mes frères bénis ; sur beaucoup de points j'ai péché par ma grande faute ; spécialement j'ai manqué à la Règle que j'avais promis au Seigneur d'observer, et je n'ai pas dit l'Office comme la Règle le prescrit : soit par négligence, soit à l'occasion de mes maladies, soit parce que je suis ignorant et sans culture.
C'est pourquoi je conjure de tout mon pouvoir le frère....., Ministre général, de faire observer la Règle inviolablement par tous ; et je supplie les clercs de célébrer leur Office en présence de Dieu sans s'attacher à la mélodie de la voix mais à l'accord de l'esprit, en sorte que la voix soit d'accord avec l'esprit et l'esprit d'accord avec Dieu ; qu'ils puissent, par leur pureté d'intention, plaire à Dieu, et non flatter les oreilles du peuple par la mollesse de leur chant. Pour moi, je promets d'observer tout cela fidèlement, dans la mesure où le Seigneur m'en donnera la grâce. Aux frères qui sont avec moi je transmettrai ces ordonnances afin qu'ils y soient fidèles, tant pour l'office que pour les autres observances régulières. Tous ceux des frères qui refuseront d'observer ces lois, je ne les tiens ni pour catholiques ni pour mes frères ; je ne veux même ni les voir ni leur parler, tant qu'ils n'auront pas fait pénitence.
J'en dis autant de tous ceux qui s'en vont errant à leur gré, au mépris de la discipline prévue par la Règle, car notre Seigneur Jésus-Christ a donné sa vie pour ne pas manquer à l'obéissance envers son Père très saint. Moi, frère François, homme inutile et indigne créature du Seigneur Dieu, je dis, par notre Seigneur Jésus-Christ au frère...., Ministre de notre Ordre, et à tous les Ministres généraux qui viendront après lui, ainsi qu'à tous les autres custodes et gardiens des frères, présents et à venir : que cet écrit, ils doivent le garder sur eux, le mettre en pratique et le conserver soigneusement. Je les supplie d'observer eux-mêmes avec soin son contenu, et de le faire observer avec application selon qu'il plaira au Dieu tout puissant, maintenant et toujours, tant que le monde durera. Bénis soyez-vous du Seigneur, vous qui observerez tout ce qui vient d'être dit, et que le Seigneur soit avec vous à jamais. Amen.
Oraison.
Dieu tout puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté ; mais toi, à cause de toi-même, donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux, et de vouloir toujours ce qui te plaît ; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils notre Seigneur Jésus-Christ, et, par ta seule grâce, de parvenir jusqu'à toi, Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règnes et reçois toute gloire, Dieu tout puissant dans tous les siècles des siècles. Amen.